Denis Mazeaud avait pourtant bien dit n’en pas vouloir : c’était revendiqué bien haut et clairement assumé !
Mais fait-on ce qu’on veut dans une vie d’universitaire ? Les amitiés nouées avec les collègues et les éditeurs, l’aura acquise auprès des étudiants et le renom auprès du public juridique, tout cela ne vous enserre-t-il pas dans un entrelacs d’usages ?
Parmi ces usages, l’un des plus remarquables est certes celui des Mélanges. Pratique étrange à la vérité, confinant presque au final du concert, à l’estocade de l’arène, au saut de l’ange du cavalier quittant sa monture après une victoire.
À la vérité, la description de Corneille de celui qui, « n’ayant plus où se prendre, (est) monté sur le faîte (et) aspire à descendre », peut faire reculer devant toute apothéose !
Et c’est peut-être pour cette raison qu’il n’en voulait pas, mêlée à l’empathie envers les contributeurs pour les heures « que l’amitié arrache aux loisirs », d’autant plus fortement que tous ne peuvent avoir la plume aussi alerte et déliée.
Les circonstances et l’enchevêtrement des choses en ont décidé autrement et la souplesse de son esprit s’y est adaptée. Et voici que, pour une fois, un renoncement débouche sur un résultat positif, d’autant plus cher à ses valeurs, que c’est une œuvre collective : c’est sans doute ce caractère qui donnera le plus de prix à ses yeux à ces Mélanges.